Moisson 2019 Cocorico,mais pas trop !
La récolte 2019 a été tout en nuances, marquée par de grandes satisfactions et même des records en blé et orges, mais aussi des reculs de productions tout aussi importants en colza et blé dur.Par Lucie Petit
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La récolte 2019 s’est révélée exceptionnelle à bien des égards. Selon les estimations au 1er août d’Agreste, la production de blé pointe cette année à 38,2 Mt, en hausse de 8,1 % par rapport à la moyenne quinquennale, avec un rendement moyen de 76,1 q/ha. La canicule de fin juin n’a apparemment pas pénalisé la récolte à l’échelle nationale. Mais ces très bons résultats apparents cachent de grosses disparités, qu’elles soient très localisées, sur les terres superficielles, ou plus régionalisées. « La latitude a été très grande, de 60 à 150 q/ha, avec une moyenne à 90 », informe Hugues Desmet, de Valfrance. « Certaines régions ont performé cette année. L’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine ont atteint des rendements historiques, de plus de 10 à 15 % par rapport à la moyenne », explique Nathan Cordier, d’Agritel. Et si l’on parle à nouveau d’exception, elle a aussi été auvergnate, surtout en Limagne, impactée par une extrême sécheresse (lire encadré p. 51). La qualité a aussi répondu présent en 2019. Les inquiétudes sur la protéine ne se sont finalement pas vérifiées, avec 89 % des blés à plus de 11 %. Dijon céréales annonce une moyenne de 12,3 %. Le PS est également très bon avec une moyenne de 79 à 80 kg/hl. Et côté Hagberg, 100 % de la production dépasse 240 s. Pour résumer, une très belle année en blé, « une année d’apaisement », confie Jean-Luc Billard, DG d’Ynovae.
L’orge de printemps performe
La récolte d’orges a également été très belle avec un record à 13,4 Mt. Résultat d’une sole tout aussi record à 1,92 Mha, avec + 29 % en orge de printemps du fait du report des surfaces de colza, et de très bons rendements (69,7 q/ha en moyenne). Mais ce sont surtout les orges de printemps qui ont affolé les compteurs avec 4,3 Mt et des rendements exceptionnels, par exemple 80 q/ha chez Valfrance ou 71 q/ha pour Ynovae. Côté qualité, les orges d’hiver sont satisfaisantes, avec des taux de protéines proches de 10 % et des PS moyens de 66 à 67 kg/hl. Calibrage et protéines (9 à 9,5 %) des orges de printemps, pénalisées par la canicule de juin et les hauts rendements, ont toutefois déçu.
Pas de miracle en colza
En colza, il n’y a pas eu de miracle avec une production de 3,5 Mt, en baisse de 33 % par rapport à la moyenne quinquennale. En cause, un emblavement qui a chuté de 30,5 % en un an, après des problèmes d’implantations. « Le colza a été le point noir de cette année », explique Jean-Luc Billard, qui avance un retrait de la collecte d’Ynovae de 20 % par rapport à 2018. Chez Limagrain, seule la moitié de la surface a été récoltée à une moyenne de 25 q/ha. Certaines régions n’ont pas été épargnées par les conditions de la campagne, entre coups de gel, pression des ravageurs et le coup de chaud de juin. Agreste annonce toutefois un rendement national similaire à 2018.
Même combat pour le blé dur qui a lui aussi accusé un recul de surface très important, de l’ordre de 100 000 ha, pour une sole finale de 354 000 ha. La production française a ainsi chuté de 17,7 % par rapport à 2018, à 1,5 Mt, malgré un très bon rendement national de 57,5 q/ha. À noter cependant de très fortes disparités dans le Sud-Est. Les teneurs en protéines sont très satisfaisantes, de 13 à 14,5 % et le PS supérieur à 80 kg/hl dans l’ensemble des bassins de production.
Des prix en baisse
Si l’on peut se réjouir de cette excellente récolte en blé et orges, on ne peut pas parler d’exception française. La production mondiale de blé, également au beau fixe, tire les prix vers le bas. « Les cours ne sont pas au rendez-vous, on est 30 à 40 € en dessous de la moisson 2018 », s’inquiétait Philippe Heusele, le secrétaire général de l’AGPB, le 20 août dernier. Mais que l’on se rassure, « que ce soit en quantité ou en qualité, le blé français à tout pour répondre au marché mondial, il est assez compétitif et on peut être assez optimiste », avance Manuel Gaborieau, du port de Rouen. D’ailleurs, juillet et août ont été plutôt actifs à l’export, avec des achats de l’Algérie dès le début de campagne.
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